Dès 2019, l’usage de produits phytosanitaires a été interdit dans les jardins et potagers des particuliers. C’est l’occasion de repenser son rapport à la terre et de se lancer dans un potager bio ! Mais, pour réussir son jardin bio et écolo, il faut connaître certaines bases. De la préparation du sol à la prévention des maladies, je vous livre des conseils d’horticulteurs professionnels pour un potager bio digne d’un jardinier expérimenté.
Choisir l’emplacement idéal pour son potager bio
Pour choisir l’emplacement idéal de votre potager bio, plusieurs critères sont à prendre en compte. Tout d’abord, l’exposition au soleil est essentielle pour la croissance des légumes. Il est recommandé de choisir un emplacement ensoleillé au moins 6 heures par jour. Les légumes ont besoin de lumière pour réaliser la photosynthèse et produire des nutriments. Cependant, certaines plantes, comme les salades, peuvent tolérer une exposition plus faible.
Le potager doit être protégé du vent. Les vents forts peuvent endommager les plantes et assécher le sol. Vous pouvez installer une haie ou un mur pour protéger votre potager. Évitez également les zones trop exposées aux intempéries, comme les orages ou les fortes pluies.
Autre critère pour la localisation de votre potager bio : la proximité de votre potager avec votre maison. Un potager proche de votre maison sera plus facile à entretenir et à surveiller. Vous pourrez également récolter vos légumes frais plus facilement.
Préparez le sol pour une culture bio réussie
Un mauvais sol donnera de mauvaises cultures. Voire pas de culture du tout ! La première étape vers un potager bio consiste donc à connaître votre sol. Si votre jardin est ancien et son sol parfait, vous êtes paré pour une bonne récolte. Si, au contraire, votre jardin a été aménagé très récemment et que vous y trouvez encore gravats et cailloux, il va falloir retrousser vos manches. Cela se fera en deux étapes : travailler la terre et nourrir le sol.
Pour commencer un jardin sur un sol peu propice à la culture, il va falloir ajouter une quantité importante de matière organique bien décomposée, appelée humus. Les deux meilleures solutions : le compost de jardin et le fumier naturel. Vous pouvez demander aux éleveurs près de chez vous s’ils peuvent vous vendre ou vous donner du fumier. Ensuite, il faudra préparer la terre en la bêchant, ce qui va casser les mottes, éliminer les mauvaises herbes et les cailloux et permettre au humus de bien pénétrer. Ce dernier va encourager la prolifération des vers, essentielle pour une terre fertile. L’idéal est de bêcher à l’automne puis une nouvelle fois au printemps.
Faites votre compost
Tout jardinier bio qui se respecte fait son compost ! C’est écologique (vous ne jetez plus vos déchets organiques, qui seraient brûlés ou stockés) et excellent pour la terre. En plus, c’est facile à mettre en place. Vous pouvez construire votre propre composteur, à l’aide de palettes par exemple. Ou en acheter un, qui sera alors généralement en plastique. Renseignez-vous, car certaines municipalités proposent le prêt ou l’achat à prix réduit de composteurs. Ensuite, il suffira de le remplir avec vos déchets de jardin, un peu de paille et vos déchets de cuisine (épluchures de légumes, thé, café, coquilles d’œuf, etc.). Au bout de quelques mois, vous obtiendrez un compost brun, bien fragmenté et prêt à l’emploi !
Échelonnez les semis
Une erreur très répandue chez les jardiniers débutants est de faire tous leurs semis en même temps. Ils vont donc tout récolter pendant la même période et se retrouver avec un stock trop important pendant quelques semaines, puis plus rien. Il faudra donc échelonner vos plantations, tous les 15 jours. Une seule règle : semez peu mais régulièrement. Vous devez essayer d’arriver à la fin d’une culture avant que la suivante débute. C’est très facile avec les légumes à cycles courts (laitues, roquette, épinards, radis) et moyens (courgettes, haricots, carottes, poireaux, etc.).
Vous pouvez également échelonner en sélectionnant diverses variétés. Exemple avec les tomates : vous trouverez des variétés précoces, de mi-saison et des tardives. En diversifiant, vous aurez des tomates de juillet à octobre !
Préférez une culture en buttes ou en carrés
Les jardiniers débutants ont tendance à préférer une culture en rangées, pensant que cela est plus simple. En réalité, une culture en buttes ou en carrés sera plus accessible à des débutants. Elle n’en est pas moins recommandée par les horticulteurs professionnels !
La culture en buttes est particulièrement intéressante si vous avez un sol pauvre. Car vous allez apporter une grande quantité de substrat, ce qui va drainer la terre. Elle devient donc riche plus rapidement ! Pour créer des buttes, vous pouvez les border de briques ou de planches. Prévoyez au maximum 1,2 m de côté pour que toute la surface soit accessible. Sur des buttes, les racines s’enfoncent plus profondément. Les plantes sont donc plus stables et profiteront d’une meilleure irrigation en période de sécheresse.
La culture en carrés, elle, permet de planter plus serré et donc d’avoir de meilleurs rendements. Vos légumes seront certainement plus petits, mais bien plus nombreux ! Comme pour les buttes, ne dépassez pas 1,2 m de côté. Sinon, vous serez obligés de piétiner la terre.
Organisez vos plantations dans le potager bio
Ce n’est pas parce que vous allez cultiver en buttes ou en carrés que chaque zone sera dédiée à un légume en particulier. Au contraire, préférez une culture associée. C’est la base de la permaculture : pratiquer des associations positives de plantes. Il faudra cultiver ensemble légumes, herbes, fleurs comestibles, petits arbres fruitiers et plantations d’ornement pour créer des interactions vertueuses, comme la remontée de nutriments ou la création d’un microclimat. Choisissez d’abord les légumes et autres plantations que vous voulez cultiver, puis renseignez-vous sur la manière de les associer en permaculture. Il faudra également prendre en compte les cycles ! Par exemple en semant des salades et des radis entre des rangs de choux de Bruxelles. Vous récolterez vos salades et radis avant que les choux aient besoin de plus de place pour pousser.
Préférez la prévention au traitement
Pour se passer de produits chimiques dans votre potager, il faudra effectuer une bonne prévention et en cas de nécessité des traitements naturels. Cela commence par des gestes de base : ne pas planter de légumes qui ont l’air malades, arracher et brûler dès que vous décelez des plants malades. Pour éviter les maladies, de bonnes conditions de croissance sont essentielles : beaucoup de lumière et d’air (mais pas trop de vent), la bonne quantité d’eau et des substances nutritives. Si votre région est sujette à la sécheresse, paillez le sol pour que la terre reste humide après l’arrosage. Pour éviter la prolifération de prédateurs naturels (coccinelles, pucerons, coléoptères, limaces, etc.), vous pouvez planter en bordure de jardin différentes variétés de fleurs qui vont permettre de diversifier la vie sauvage et de respecter l’équilibre biologique.
Prévoyez une rotation des cultures
Si vous partez pour plusieurs années, il faudra prévoir une rotation des cultures. Car cultiver les mêmes plantes à la même place pendant plusieurs années favorise le développement des parasites et l’installation de maladies dans le sol. Le plus simple est de diviser vos plantations en quatre groupes et de les faire tourner : les légumineuses (haricots et petits pois notamment), les choux, les légumes racines (pommes de terre, carottes mais aussi les cultures associées comme les tomates, aubergines et poivrons) et la grande famille oignons/cucurbitacées.
Les techniques d’entretien pour un potager bio comme un professionnel
Pour entretenir votre potager bio comme un professionnel, plusieurs techniques sont à adopter :
- Les pratiques culturales consistent à entretenir le sol en favorisant la biodiversité. Vous pouvez utiliser des engrais verts, des paillis organiques ou encore des cultures associées.
- Les associations de plantes permettent de créer un écosystème favorable à la biodiversité. Elles permettent également de lutter contre les ravageurs en attirant les prédateurs naturels.
- Le désherbage naturel permet de limiter la prolifération des mauvaises herbes. Vous pouvez utiliser des outils manuels, du paillage ou encore des plantes couvre-sol.
- L’arrosage raisonné consiste à arroser les légumes en fonction de leurs besoins. Il permet d’économiser l’eau et de favoriser la croissance des légumes.
Les astuces d’un horticulteur professionnel pour réussir son potager bio
Voici quelques astuces d’un horticulteur professionnel pour réussir votre potager bio :
- Les plantes compagnes permettent de protéger les légumes des maladies et des ravageurs. Par exemple, la capucine attire les pucerons, ce qui protège les autres légumes.
- Les rotations de cultures consistent à changer les légumes cultivés chaque année. Elles permettent de préserver la fertilité du sol et de limiter la propagation des maladies.
- Les outils indispensables pour entretenir son potager bio sont la grelinette, le râteau, la binette, le sécateur et l’arrosoir.
Conclusion
Avoir un potager bio est un rêve pour de nombreux jardiniers amateurs soucieux de leur santé et de l’environnement. La culture bio est une méthode de jardinage respectueuse de l’écosystème, qui permet de produire des légumes sains et savoureux. Créer et entretenir un potager bio peut sembler complexe pour les débutants mais en suivant ces étapes et ces techniques, vous pourrez avoir un potager professionnel.